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Le travail de la céramique
La céramique est un mot d'origine grecque avec keramikós qui désignait l'argile. Il comprend les objets fabriqués à base de terre comme la faïence, la porcelaine, le grès. Les pièces façonnées dans ces matériaux furent d'abord des objets utilitaires pour évoluer plus tard vers des éléments plus décoratifs.
La faïence
La faïence aurait pour origine Faenza, une petite ville au nord de l’Italie, dont la production était connue au temps des Romains. En France, Fayence, commune du Var, était appelée autrefois Faventia à l’époque romaine et fut aussi un lieu connu pour la fabrication de poteries.
Que ce soit en France ou dans d’autres contrées, le travail de la faïence était répandu, les pièces réalisées servaient à dresser la table. Les plus anciennes poteries connues à ce jour en Occident sont celles trouvées en Égypte, des objets utilitaires avant d'être des objets décoratifs.
Desvres, Rouen, Nevers, Quimper, Lunéville, Gien sont les villes connues pour la fabrication de faïence. Delft, connue à travers le monde pour sa faïence, se situe aux Pays-Bas. La ville d'Alcora, à l'est de la péninsule ibérique, avait une fabrique royale de faïence datant du 18e siècle.
La faïence de Delft
Delft, située à 15 km du port de Rotterdam, est connue pour sa faïence façonnée avec ce bleu si caractéristique. Ce savoir-faire se perpétue depuis les années 1600 avec la même méthode.
La pâte argileuse est coulée dans un moule en plâtre. Après quelques heures de séchage, elle est démoulée puis nettoyée de toutes aspérités. La pièce va pouvoir subir une première cuisson. Le décor est ensuite appliqué par des mains expertes puis émaillé afin de stabiliser la peinture. La seconde phase de cuisson peut enfin intervenir et c’est là que le bleu prend sa couleur définitive.
La faïence de Desvres
La fabrication de faïence débute à Desvres en 1764. On y façonne des carreaux, des plats, des assiettes et des chopes pour la bière dans cette région du Nord de la France, où l'on cultive l'orge et le houblon.
Ce pot à bière est fabriqué dans des versions traditionnelles ou plus élaborées dans l'esprit des barbotines. Il est appelé localement Jacquot ; ce nom viendrait d'un modèle façonné par Jacqueline de Bavière, fille du duc Guillaume II de Bavière-Straubing, en captivité à Gand au XVe siècle. La pièce aurait été retrouvée quelques années plus tard par un potier de la région dont il s'est inspiré pour recréer un modèle similaire.
Motif de Desvres
La faïence de Quimper
La première entreprise de Bretagne spécialisée dans la fabrication de faïence voit le jour en 1690. C'est une des faïences les plus connues dans l'hexagone avec la représentation de personnages revêtus de costumes traditionnels.
Les couleurs emblématiques telles que le bleu, le rouge, le jaune et le vert apportent une harmonie à l'ensemble de ces pièces dont la notoriété ne se dément pas.
La faïence de Quimper
La porcelaine
La porcelaine doit son nom à un coquillage appelé porcellena ayant des couleurs similaires à cette matière. C'est un mélange de kaolin, de quartz et de feldspath. Le point de fusion de la porcelaine se situe entre 1300 et 1400 degrés.
Le kaolin est la matière première de la porcelaine. C'est un mot de consonance chinoise, la Chine fut le premier pays à fabriquer de la porcelaine à Jindezhen, ville de l'Est. Cette capitale mondiale de la porcelaine est connue depuis plus de 2000 ans. En France, c'est près de Limoges que le premier gisement de kaolin fut découvert.
Plusieurs métiers interviennent dans la fabrication : modeleurs, sculpteurs, doreurs. Chaque manufacture se distingue par ses motifs.
De nombreuses étapes sont nécessaires pour la création d'une pièce : le blanc, la mise en place du décor, les pigments de couleurs, les filets, les cuissons, les fours, le bossage, l'agate. Réaliser des décors peints à la main levée demande une certaine maîtrise du trait.
Vous trouverez ci-après une présentation succincte des principales manufactures. Il existe d'autres fabricants moins connus et ceux-ci peuvent réserver parfois de belles surprises.
La porcelaine de Chine
La fabrication de la porcelaine en Chine existait déjà durant la dynastie Tang qui régna de 618 à 907 après JC.
La porcelaine de Chine fut rapportée en Europe par Marco Polo. Les propriétés du kaolin ont été identifiées par le physicien René Antoine de Réaumur. Cette porcelaine est résistante aux rayures. La production destinée à l'exportation était réalisée en blanc et bleu.
La porcelaine de Saxe
Le kaolin indispensable à la fabrication de la porcelaine dure a été découvert dans la région allemande de Sachsen "La Saxe" en 1709. La manufacture de Meissen a été ouverte l'année suivante, en 1710. Auguste The Strong "Le Fort", roi de Pologne, a apporté son soutien financier à la manufacture. Le kaolin sera exporté en France chez les fabricants alsaciens un peu plus tard.
La fabrique de Meissen était la première manufacture européenne à réaliser des fleurs sur ses pièces. Fleurs, bouquets et roses vont se propager ensuite dans les ateliers européens. Dans la catégorie des pièces exceptionnelles, des flûtes traversières en porcelaine de Meissen ont été façonnées avec du cuivre doré. Cet instrument était connu au XVIIIe siècle sous le nom de flûte allemande. La conception de cet instrument en porcelaine était un défi technique par rapport à la réaction de la matière lors de la cuisson.
Flute traversière, crédit photo Met Museum.
La porcelaine de Vienne
La porcelaine de Vienne fait partie des plus anciennes manufactures européennes. Elle fut créée par Claudius Innocentius Du Pasquier en 1718 avec l'aide d'ouvriers de Meissen.
Elle deviendra manufacture royale avec l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche en 1744 et cessera ses activités en 1864. Une autre manufacture d'Augarten a été créée en 1923.
La porcelaine de Sèvres
La manufacture de Sèvres a pour origine la manufacture de Vincennes fondée en 1740. Cette année-là, trois ouvriers venant de la manufacture de Chantilly : M. Guérin et MM. Dubois s'étaient installés dans une partie du château de Vincennes avec le support de M. d'Orry de Fulvy et le mécénat du roi. Leur ambition était de rivaliser avec les productions chinoises. Après 5 ans de travail intensif, une pâte d'une blancheur assez exceptionnelle avait vu le jour. L'entreprise avait évolué et d'autres artisans talentueux avaient été recrutés. Le roi avait décidé en 1752 de transférer l'entreprise à Sèvres.
Cette manufacture s'était distinguée par la capacité de ses peintres à retranscrire des gravures, des peintures avec des couleurs émaillées magnifiques.
La porcelaine de Sèvres fut, pendant 30 ans, fabriquée uniquement avec de la porcelaine tendre, de 1740 à 1770. Après la découverte du kaolin, dans la région de Limoges, la production était réalisée avec de la porcelaine dure. Ce kaolin permettait d'obtenir une porcelaine blanche après cuisson.
Coupe "Athènes" en porcelaine de la Manufacture de Sèvres
provenant de l'exposition universelle de Londres 1851
La porcelaine de Limoges
Le gisement de kaolin a été découvert à Saint-Yrieux vers 1766 et a été identifié par un apothicaire, M. Marc-Hilaire Villaris. Au préalable, Mme Darnet avait fait usage de cette matière blanche, pensant pouvoir l'utiliser pour le blanchissage à la place du savon.
Cette découverte va permettre à Limoges de devenir un centre important de la fabrication de porcelaine avec la création d'une manufacture en 1770. Celle-ci va prendre un essor considérable au fil des ans après avoir fait quelques ajustements pour l'application des couleurs.
La porcelaine Haviland
David Haviland, négociant de porcelaine tendre, va ouvrir à Limoges un atelier en 1842. Il va pouvoir continuer à exporter sa production vers les États-Unis avec de la porcelaine dure.
Parmi les techniques d'impression utilisées pour la reproduction de motifs, la sérigraphie s'est généralisée au XIXe siècle.
La poterie
Le potier réalise des poteries en porcelaine, faïence et grès. Les pièces sont façonnées à la main sur un tour. Elles sont ensuite retravaillées par l'ébarbeur dont la mission est de finaliser la pièce brute. Il va nettoyer, lisser la surface avec une éponge. La phase de séchage s'échelonne entre quelques jours et un mois et demi. Chaque poterie est ensuite émaillée à la louche ou par trempage, puis vient la cuisson à 1000 degrés.
Les centres de fabrication de poterie artisanale les plus connus en France sont ceux d'Albi, d'Alsace, du Pays basque. Les pièces réalisées par les potiers de Caltagirone en Sicile sont polychromes et plutôt variées, elles ont subi les influences d'autres pays. Les poteries du Maroc sont décorées de motifs traditionnels dans des couleurs monochromes. Les céramiques de l'île de Malte s'exportent dans le monde entier avec des pièces sur mesure, mais aussi des pièces plus traditionnelles. Les pots en céramique étaient utilisés à Malte au 16e siècle par les hospitaliers pour stocker des produits pharmaceutiques.
Poterie Marocaine
Le grès
Le grès est un mélange d’argile et de silice, c’est une céramique opaque, dense et dure. Les premiers grès ont été réalisés par les Chinois au 10e siècle. La technique de l’émaillage au sel fut créée Outre-Rhin, avec une cuisson supérieure à 1200°C renforçant la dureté de la matière.
Les pots en grès étaient utilisés pour la conservation des aliments, la viande, le sel, les œufs. Les centres de fabrication se situaient dans le nord de la France, à Beauvais, avec la manufacture Gréber, créée par Johan Peter Gréber d'origine autrichienne en 1846, et dans les régions de l'Est, en Alsace, où l'on trouve toujours de beaux récipients en grès vernissé. D'autres centres se sont développés ensuite en France, en Bretagne, en Bourgogne, dans le Sud, pour répondre à la demande de ces objets en grès très prisés.
La ville de Kreussen, en Bavière, connue pour le grès émaillé au sel, produisait des cruches en forme, des chopes à bière et d'autres types de récipients. Le premier fabricant de cette ville, M. Vest, était originaire de Vienne.